Le 1er octobre 2022, les Catalans célèbrent le 5e anniversaire du référendum sur l’indépendance de la Catalogne organisé par le président Carles Puidgemont le 1er octobre 2017. Résultat de 60 mois de pression d’entités de la société : l’Assemblea Nacional Catalana (ANC) fondée en 2012 et Omnium Cultural vouée à la défense de la langue et de la culture catalane.
Six années de manifestations pacifiques, familiales et festives regroupant des centaines de milliers, voire des millions d’indépendantistes, le jour de la fête nationale (11 septembre, date rappelant la chute de Barcelone en 1714 lors de la guerre de Succession d’Espagne). Chaque année, des thèmes inspirants avaient été choisis : Catalunya, nou estat d’Europa [Catalogne, nouveau pays d’Europe] (2012) ; Via Catalana [chaine humaine sur 400 km] (2013) ; Ara ès l’hora [L’heure est venue] (2014) ; La Via Lliure a la República Catalana [La voie libre vers la République catalane] (2015) ; A punt, A punt - Endavant República [Prêts, Prêts – En avant la République] (2016) ; El referèndum és democràcia [Le référendum est la démocratie] (2017). Avec comme objectif de faire pression sur les partis politiques et les élus indépendantistes afin qu’ils s’unissent et adoptent une feuille de route menant à une déclaration d’indépendance de la Catalogne.
Une démarche originale, el procés catalan [le processus catalan] qui a permis la tenue en novembre 2014 d’une première consultation jugée illégale par les autorités de Madrid à laquelle ont participé 2 305 390 Catalans (43 % de la population admissible s’est prononcée pour le Oui à 80,7 %). Et, en 2017, malgré le harcèlement, les perquisitions sans résultat pour la saisie du matériel de vote et des urnes, dans un climat de violence disproportionnée de la part des forces policières espagnoles, 2 286 217 millions de Catalans s’étaient tout de même exprimés sur un référendum lui aussi déclaré illégal selon la constitution de l’État espagnol pour voter Oui à la double question posée par la Generalitat, le gouvernement catalan : « Souhaitez-vous que la Catalogne devienne un État ? Et dans l’affirmative, souhaitez-vous que cet État soit indépendant ? ». Environ 770 000 votes n’ont pu être comptabilisés, ayant été confisqués ou détruits par la police espagnole.
Et on connaît la suite : exil du président Puidgemont et de certains de ses ministres susceptibles d’être arrêtés par le gouvernement espagnol pour sédition, emprisonnement et condamnation de plusieurs autres organisateurs du référendum libérés plusieurs mois plus tard sans être amnistiés. Et, le 11 septembre 2022, après ces traumatismes politiques et ceux de la COVID-19, une reprise du mouvement de la société civile dans une nouvelle manifestation à Barcelone, Tornem-hi per vèncer : Indépendència [De retour pour gagner l’indépendance] regroupant plus de 700 000 personnes pour refaire pression auprès des élus indépendantistes majoritaires au parlement catalan afin qu’ils approuvent un plan pour rendre effective l’indépendance d’ici un an.
Un modèle de résilience et de détermination qui devrait inspirer les Québécois qui, depuis l’échec référendaire de 1995, se sont réfugiés dans le confort et l’indifférence face à leur avenir national, la « libârté » individuelle prenant le pas sur les intérêts collectifs.
